Cinéma mondial.

Même si le cinéma mondial est dominé par Hollywood et le cinéma américain, l'Inde est le pays qui produit le plus grand nombre de films. Hongkong produit également beaucoup de longs métrages, et la quantité annuelle de films français dépasse, certaines années, celle des États-Unis. Pour protéger sa culture et son industrie, chaque État tente de sauvegarder la production nationale en la subventionnant.

Le cinéma français.

Dans la Grande Illusion (1937), Jean Renoir (1894-1979) illustrait l'esprit antimilitariste des années trente, et dans la Règle du jeu (1939), une féroce critique sociale. Jean Gabin (19041976) devint l'acteur français le plus populaire en interprétant des héros maudits, notamment dans le film de Marcel Carné (né en 1906) Le jour se lève (1939). Les Enfants du paradis (1945) de Marcel Carné, la Belle et la Bête (1946) et Orphée (1950) de Jean Cocteau (1889-1963) et les films austères de Robert Bresson (né en 1907) figurent parmi les réalisations les plus personnelles du cinéma «intellectuel» français. Jacques Tati (1907-1982), acquit une renommée mondiale d'humoriste avec une série de comédies dont les Vacances de Monsieur Hulot (1951) et Mon oncle (1958), qu'il réalisait et interprétait lui-même.
À la fin des années cinquante, François Truffaut (1932-1984), Jean-Luc Godard (né en 1930), Claude Chabrol (né en 1930), Eric Rohmer (né en 1920) et Alain Resnais (né en 1922), pour la plupart critiques devenus réalisateurs, lancèrent la Nouvelle Vague. Des films comme les Quatre Cents Coups (1959) de François Truffaut ou À bout de souffle (1960) de Jean-Luc Godard ont profondément influencé les cinémas français et étranger.
Le cinéma français, qui est essentiellement un cinéma d'auteur, contrairement au cinéma américain classique, n'en produit pas moins de grand succès nationaux et internationaux tels que Jean de Florette et Manon des sources (1986) de Claude Berri (né en 1934) ou Cyrano de Bergerac (1990) de Jean-Paul Rappeneau (né en 1932).

Le cinéma anglais.

Les films anglais n'eurent d'abord qu'un faible impact sur le marché mondial, hormis la série de thrillers qu'Alfred Hitchcock (1899-1980) réalisa en Angleterre avant de partir travailler aux États-Unis, et qui débuta avec Chantage (1929). En 1932, Alexander Korda (1893-1956), metteur en scène d'origine hongroise, fonda la London Film Productions pour rivaliser avec Hollywood. Il produisit de nombreux succès tels que la Vie privée d'Henry VIII (1933). Dans les années trente, à l'initiative de John Grierson (18981972), le cinéma britannique inaugura une tradition du documentaire.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le cinéma anglais produisit des films de grande qualité : Henri V (1944) de Laurence Olivier (1907-1989), Oliver 74vist (1948) de David Lean (né en 1908), le Troisième Homme (1949) de Carol Reed (1906-1976) et les films de Michael Powell (né en 1905) ou ceux d'Emeric Pressburger (1902-1988), en particulier les Chaussons rouges (1948). Les studios Ealing tournaient à la même époque une série de comédies charmantes, de Noblesse oblige (1949) à Tueur de dames (1955). L'acteur Alec Guinness (né en 1914) assura le succès d'un grand nombre de ces comédies.
Les metteurs en scène européens, qui n'ont pas subi les contraintes d'Hollywood, ont pu réaliser des films plus personnels, bénéficiant d'une liberté de recherche et de choix des sujets que leur aurait refusé le code de production de l'industrie cinématographique américaine.
Aux débuts du cinématographe, la France, l'Italie et la Grande-Bretagne disposaient des mêmes atouts que les États-Unis. Le premier long métrage de plus d'une heure, Story of the Ned Kelly Gang, ne fut pas réalisé en Amérique, mais en Australie, en 1906. Depuis les années soixante-dix, on assiste à un renouveau de la production cinématographique australienne, avec Pique-nique à Hanging Rock (1975), Mad Max (1979) ou Ghosts of the Civil Dead (1990).
Mais l'invention du parlant rendit les films étrangers inaccessibles à de nombreux cinéphiles. En raison de la puissance d'Hollywood, les films qui n'étaient pas réalisés en anglais dans ses studios ne pouvaient être traduits et distribués hors de leur pays que par les circuits d'art et d'essai.
La tradition sociale fut exploitée dans  Samedi soir, dimanche matin (1960) de Karel Reisz (né en 1926), le Prix d'un homme (1963) de Lindsay Anderson (né en 1923) et Kes (1970) de Kenneth Loach (né en 1936). Le style non conformiste de Ken Russel (né en 1927) s'exprima brillamment dans les personnages très étudiés de Love (1969) ou dans l'extravagance de Tommy (1975). L'Américain Joseph Losey (1909-1984), qui, fuyant le maccarthysme, s'était installé en Grande-Bretagne, fut révélé par des études psychologiques telles que The Servant (1963) ou Accident (1967).
D’autres  succès britanniques comme les Chariots de feu (1981) de Hugh Hudson, Gandhi (1982) de Richard Attenborough, sont des productions internationales à grand budget. Un cinéma d'auteur continue toutefois d'exister, avec les films de Bill Forsyth (né en 1947), Une fille pour Gregory (1980) et Local Hero (1983).

Le cinéma d'Europe de l'Est.

À l'Est, le relâchement de la censure consécutif à la mort de Staline favorisa la création cinématographique. Andrzej Wajda (1926-2016) et Roman Polanski (né en 1933) sont les principaux représentants de l'école polonaise. Milos Forman (1932-2018) et Jiri Menzel (1938-2020) attirèrent l'attention sur le cinéma tchécoslovaque, lors du Printemps de Prague, avec respectivement Au feu, les pompiers (1967) et Trains étroitement surveillés (1966).
En URSS, Sergueï Eisenstein (1898-1948) connut d'extrêmes difficultés avec la censure stalinienne pour le tournage de sa grande trilogie, Ivan le terrible, commencée en 1943, dont la deuxième partie ne fut diffusée qu'en 1958, cinq ans après la mort de Staline, et dont la troisième partie reste inachevée. Cependant, la libéralisation sous Krouchtchev autorisa une expression cinématographique plus personnelle : par exemple, le 41e de Grigori Tchoukhraï (1921-2001), Quand passent les cigognes de Mikhas"l Kalatozov (1903-1973), Guerre et Paix de Sergueï Bondartchouk (1920-1994). Les films d'Andreï Tarkousky (1932-1986) reçurent un accueil enthousiaste à l'étranger, notamment Andreï Roublev (1966), étude subjective d'un peintre médiéval, ou Solaris (1972), œuvre de science-fiction. L'ésotérisme croissant de ses films lui valut la disgrâce des autorités soviétiques : il dut s'expatrier pour poursuivre son œuvre.
La contribution cinématographique des Balkans est assez réduite. Les deux grands réalisateurs grecs sont Michael Cacoyannis (1922-2011), auteur de Stella (1955) et d'Électre (1961), et la Théo Angelopoulos (né en 1935), auteur du Voyage des comédiens (1975).

Le cinéma scandinave.

Les films des Danois Carl Dreyer  (1889-1968) et Benjamin Christensen Cr (1879-1959) et du Suédois Mauritz Stiller (1883-1928) attirèrent l'attention des cinéphiles. Dans le même temps, la «divine » Greta Garbo (1905- 1990) devint l'actrice scandinave la plus célèbre. En 1944, Frenzy révéla le Suédois Alf Sjoberg (1903-1980). Son assistant, Ingmar Bergman (1918-2007) s'affirma comme le maitre du cinéma suédois. Le Septième Sceau, film allégorique, marque le début de ses analyses obsessionnelles des relations humaines.
Le cinéma allemand
Les films de Georg Pabst (1885-1967), tel l'Opéra de quat'sous (1931), sont des chefs-d’œuvre du cinéma parlant. Fritz Lang (1890-1976) tourna M. le Maudit (1931) avant de quitter l'Allemagne et de s'installer à Hollywood. L'arrivée au pouvoir d'Hitler enferma le cinéma allemand dans le ghetto des films de propagande, en particulier ceux de Leni Riefenstahl (née en 1902).
Au début des années soixante, un groupe de jeunes réalisateurs renouvela radicalement le cinéma allemand : Werner Herzog (né en 1942), qui tourna Aguirre ou la colère de Dieu (1972) et Fitzcarraldo (1982), Wim Wenders (né en 1945), l'Ami américain (1977) et les Ailes du désir (1987) et l'inégal mais profond Rainer Werner Fassbinder (1945-1982).

Les cinémas italien et espagnol.

Avec Ossessione (1943), Luchino Visconti (1906-1976) dota le cinéma italien de sa première œuvre néo-réaliste, qui mettait en scène la vie quotidienne dans des décors réels. Dans cette même optique, Roberto Rossellini (1906-1977) fit jouer des acteurs amateurs dans Rome, ville ouverte (1945). Conçu pendant l'occupation allemande, ce film retrace l'histoire de la résistance italienne. Le néo-réalisme s'illustra également avec des films puissants tels que le Voleur de bicyclette (1948) de Vittorio de Sica (1901-1974) et La terre tremble (1948) de Luchino Visconti.
L'influence de ce mouvement se fit sentir de l'Inde jusqu'au Brésil et sur des réalisateurs espagnols comme Juan Antonio Bardem (1922-2002) et Luis Garcia Berlanga (né en 1921). Mais les maîtres du cinéma espagnol restent Luis Bunuel (1900-1983), qui réalisa notamment Un chien andalou (1928), la Mort en ce jardin (1956), Viridiana (1961), et Carlos Saura (né en 1932), avec Cria Cuervos (1976), Maman a cent ans (1979).
En Italie, Federico Fellini (1920-1993) laissa libre cours à ses fantasmes dans la Dolce Vita (1960) ou Huit et demi (1963). Autres grandes figures du cinéma italien : Michelangelo Antonioni (1912-2007) avec l'Avventura (1960) et Pier Paolo Pasolini (1922-1975) avec son Théorème, tout à la fois critique sociale et parabole sur la grâce. Francesco Rosi (1922-2015), Ettore Scola (1931-2016) et Bernardo Bertolucci (né en 1941-2018) perpétuent, avec des moyens supérieurs, la tradition italienne de la critique sociale, héritée de la période néo-réaliste.

Le cinéma d'Amérique latine.

Les metteurs en scène latino-américains ont cherché, sous l'influence du néo-réalisme et du Brésilien Glauber Rocha (1943-1981), animateur du cinema nôvo, à développer un style critique capable d'exprimer leur culture. Au Mexique, l'acteur Cantinlas (1911-1993), héros de multiples comédies, est l'équivalent espagnol de Charlie Chaplin. Luis Bunuel y tourna Los Olvidados (1950) et l'Ange exterminateur (1962). L'Argentin Leopoldo Ybrre Nilsson (1924-1978) se fit connaître à l'étranger avec la Main dans le piège (1961) et des films de style bergmanien. D'autres œuvres isolées, le Bandit (1953) du Brésilien Vitorde Lima Barreto (1906-1982), Mémoires du sous-développement (1968) du Cubain Tomas Alea Gutierrez (1928-1996) ou le Baiser de la femme-araignée (1985) de l'Argentin Hector Babenco (1946-2016), obtinrent également un succès mondial.

Les cinémas asiatique et africain.

Le cinéma contemporain indien produit trois fois plus de films que le cinéma américain, principalement des mélodrames sentimentaux. Les cinémas hindi et bengali partagent une tradition plus confidentielle de cinéma social. Satyajit Ray (1921-1992) est le seul réalisateur indien à avoir acquis une réputation mondiale avec Pather Panchali (la Complainte du sentier, 1955).
Dans les années cinquante, la production japonaise dépassa celle de l'Inde. Elle est peu distribuée dans les circuits internationaux, excepté les drames historiques d'Akira Kurosawa (1910-1998) tels que Rashomon (1950) ou les Sept Samouraïs (1954). Nagisa Oshima (1932-2013) et Yasujiro Ozu (1903-1963) ont acquis une grande notoriété en Occident pour leurs études de la famille et de la société japonaise.
La production chinoise ne franchit pas les frontières du pays. Les producteurs de Hongkong, qui s'adressent principalement au public chinois, sont connus dans le monde entier pour leurs films d'arts martiaux.
Le Turc Yilmaz Güney (1937-1984) réussit, malgré son emprisonnement par les autorités turques, à produire des films aussi intenses que Yol (1981) et le Mur (1982).
Depuis 1918, l'Égypte produit de nombreux films destinés à un public local. Mais aucun film africain n'a atteint la qualité des longs métrages du malien Souleymane Cissé (né en 1940) dont le film Yelen (1988) remporta un grand succès à l'étranger.

bdp
26-Avr-2024
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