Mycologie

Classement.

Les champignons sont des végétaux dépourvus de chlorophylle (certains en font un règne distinct), ou des organismes — nommés hyphes — constitués de cellules plus ou moins allongées, assemblées bout à bout, ramifiées et mono ou polynucléées. La paroi cellulaire est constituée de chitine et de cellulose. La chitine ne compte pas parmi les constituants des plantes vertes, en revanche, c'est un composant important de la cuticule (ou squelette externe) des insectes. Le groupe des champignons < supérieurs — dont il est question dans cet ouvrage — est constitué d'espèces croissant sur des substrats organiques, la plupart du temps dans le sol, dans la litière, sur le bois mort ou le bois vert, sur ou sous l'écorce des végétaux ligneux, parfois sur d'autres champignons et enfin sur les matières d'origine animale.
Le tissu cellulaire des champignons, ou mycélium, peut se présenter sous divers aspects et prendre différentes teintes, ce qu'il est souvent facile d'observer à la base du pied supportant le carpophore. Généralement, le mycélium présente un aspect filamenteux ou arachnéen, mais il peut aussi être constitué d'épais cordons ou épouser une structure massive, ferme à très dure, c'est le sclérotium (voir à ce sujet le polypore en ombelle Grifola umbellatap. 238). Ce que nous nommons champignon, et que nous récoltons, n'est qu'une partie de l'ensemble de la plante, c'est le carpophore, La détermination des espèces s'effectue avant tout d'après les caractères des carpophores, d'où se développent les spores qui assurent la dispersion de celles-ci.

Planche I en PDF tirée du Larousse

De nombreux systématiciens se refusent à ranger les champignons, soit dans le règne végétal, soit dans le règne animal, ce qui peut se justifier en raison de la structure cellulaire de la constitution et de la biologie de ces organismes (par exemple, l'absence de chlorophylle).
Actuellement, on regroupe les champignons et les organismes voisins en se fondant sur
un système à base de données biologiques. Toutefois, de nombreuses particularités de ces créatures demandent encore à être étudiées d'une manière approfondie ; ainsi, leur classification est encore loin d'être définitive. Régulièrement, de nouvelles espèces sont décrites ; dans le même temps, de nouvelles synonymies sont établies, du fait de la rigueur croissante en matière de taxinomie. L'amélioration de notre connaissance des espèces a pour conséquence la transformation des données de la systématique, occasionnant l'instabilité de la nomenclature des champignons. De telles modifications peuvent dérouter les mycologues amateurs et obligent les spécialistes à publier des mises à jour régulières.
Dans cet ouvrage ne sont illustrés et décrits que les champignons qui produisent un carpophore observable à l'ceil nu, ce sont les macromycètes (terme non scientifique mais pratique), leur nombre atteint quelques milliers. Cet ensemble, qu'on nomme également » champignons supérieurs », se subdivise en trois parties :
Les myxomycètes
Les ascomycètes
Les basidiomycètes
Lorsqu'ils sont associés à des algues, les ascomycètes et les basidiomycètes forment une association symbiotique particulière — ou mérocénose — que l'on nomme lichen. Les myxomycètes ne sont plus aujourd'hui considérés comme des champignons, mais soit comme un phyllum du règne animal (mycetozoa), soit comme un règne distinct (nommé fungi), auquel est parfois adjoint le reste des champignons (phyllum eucomycophyta).
Les myxomycètes produisent des spores qui germent et donnent naissance à des cellules nues et mobiles pourvues d'un flagelle vibratile, les zoides. Ceux-ci s'assemblent en amas glaireux — nommés plasmodes — qui peuvent se déplacer lentement. Le plasmode s'immobilise lorsqu'il a trouvé les conditions de température lui convenant. Il se condense alors pour entrer dans sa phase de reproduction et créer des sporanges. Ceux-ci engendrent des spores, qui, lorsqu'elles sont mûres, sont libérées sous forme de poudre pulvérulente. La fleur de tan Fuligo septica est un représentant du phyllum, extrêmement riche, des myxomycètes.
Chez les ascomycètes, il se forme d'ordinaire huit spores à l'intérieur d'utricules nommées asques ; lorsque les spores sont mores, l'extrémité des asques s'ouvre et laisse échapper la sporée.

Planche II en PDF tirée du Larousse

Chez les basidiomycètes, les spores se forment dans les cellules terminales, les basides ; ces cellules terminales se séparent de l'organisme. En général, la baside présente quatre protubérances : les sporophores ou stérigmates, à l'intérieur desquels les spores sont élaborées. Les stérigmates libèrent les spores lorsqu'elles sont arrivées à maturité.
Les asques et les basides ne sont visibles qu'au moyen d'un microscope, c'est pour cette raison que l'identification précise de nombreuses espèces nécessite une étude microscopique des organes sporifères.
Dans le présent ouvrage, tous les champignons décrits dans les groupes 1 à 9 sont des basidiomycètes ; ceux du groupe 10, des ascomycètes. Les basides occupent des emplacements variables. Chez les champignons à lames (groupe 1) ou les champignons à aiguillons (groupe 3), ils sont situés sur chaque face des lames ou des aiguillons ; chez les bolets (groupe 4), ils sont répartis à la face interne des tubes ; chez les vesses (groupe 7), ils sont rassemblés dans un tissu central en masse cohérente nommée glèbe. Les asques des morilles, pézizes et helvelles (groupe 10) se développent sur la face interne des alvéoles. Les spores des champignons sont les éléments indispensables à la perpétuation et à la dispersion de ces êtres. La quantité de spores émises par un carpophore varie selon les espèces, mais atteint souvent plusieurs milliards. A l'oeil nu, les spores apparaissent comme une sorte de poussière, mais ne sont pas isolables individuellement. Si l'on perce le carpophore mûr d'une vesse, les spores s'en échappent sous forme d'une fumée pulvérulente. Le vent, la pluie et les animaux contribuent à disperser les spores. Lorsque l'on veut en connaître la couleur, il est nécessaire d'en laisser se déposer sur un support blanc. Sur les lames, il est difficile, voire impossible, d'identifier la couleur des spores, car elles ont souvent une couleur propre différente de celle des spores.
La taille des spores se situe en moyenne entre 5 et 15 microns, leur forme, leur couleur et leur structure varient d'une espèce à l'autre.
Pour les spécialistes, les spores constituent un critère d'identification important, elles jouent, en outre, un grand rôle en systématique. La sporée peut parfois servir à la détermination sans examen microscopique. C'est notamment le cas lorsqu'elle présente une couleur très différente (par exemple, blanche et brun sombre) chez des espèces voisines.

La multiplication

On distingue les spores mâles (affectées conventionnellement du signe +) et les spores femelles (affectées du signe —). Spores mâles et femelles germent pour donner une cellule initiale. Celle-ci commence à se diviser et forme un filament pluricellulaire dont chaque cellule contient un noyau. Les divisions et ramifications successives mènent à la constitution d'un réseau qui s'étend en tous sens, le hypheou mycélium primaire. Afin de pouvoir produire des carpophores, deux systèmes filamenteux, l'un mâle et l'autre femelle, issus des spores d'un même champignon, doivent maintenant entrer en contact et s'unir pour former le mycélium secondaire. Au cours d'un processus extrêmement complexe, le cytoplasme de deux cellules, l'une mâle, l'autre femelle, va ensuite fusionner ; mais, très curieusement, les deux noyaux ne fusionnent pas l'un avec l'autre. En d'autres termes, chaque nouvelle cellule formée contient toujours deux noyaux après la fusion, l'un provenant de la cellule-père, l'autre de la cellule-mère. Au cours des divisions cellulaires successives ultérieures de cet organisme, les nouvelles cellules formées contiendront toutes deux noyaux séparés. Ces cellules binucléées portent le nom de dicaryons.
En présence de conditions environnementales favorables (substratum, présence de symbiotes, substances nutritives, humidité, chaleur), un mycélium de ce type est en mesure de produire des carpophores. Il n'y a que dans la cellule terminale du carpophore, par exemple dans la baside, que se produit la fusion des deux noyaux cellulaires, puis la division en quatre spores dans la
plupart des cas (deux spores + et deux spores —).
La multiplication des champignons a été esquissée ici d'une manière très simplifiée. Les processus décrits ci-dessus peuvent varier d'une espèce à l'autre et d'un genre à un autre.

Le carpophore

Chez les champignons à chapeau, on observe l'apparition d'un petit chapeau qui prend de l'ampleur au cours d'une croissance souvent incroyablement rapide. Il est constitué d'une chair plus ou moins ferme, recouverte par une peau, sur laquelle on observe parfois des écailles, fragments relictuels d'une enveloppe externe, dite voile général (velum universale), comme c'est notamment le cas chez les amanites.

Sous le capuchon protecteur constitué par le chapeau, se trouvent les organes fructifères, Ceux-ci peuvent épouser diverses formes et ressemblent soit à des feuillets, soit à des cannelures, soit à des tubes, des pores ou des épines. Le chapeau est porté par un pied ; chez certains genres et certaines espèces, celui-ci présente un anneau plus ou moins résiduel. Il s'agit là des restes d'une pellicule protectrice interne, dite voile partiel (velum partiale), qui recouvrait les organes fructifères au commencement de la croissance. Au fur et à mesure que le chapeau s'élargit et s'aplatit, cette enveloppe peu extensible subit de fortes tensions et finit par se déchirer tout le long du rebord du chapeau ; la partie centrale demeure fixée autour du pied, retombant sous forme de collerette ou d'anneau. Chez d'autres espèces de champignons, c'est au niveau de sa jonction sur le pied que l'enveloppe se déchire, de sorte que les lambeaux résiduels pendent sous les rebords du chapeau. Chez d'autres espèces encore, cette membrane disparaît totalement après s'être déchirée. Cette enveloppe interne, toutefois, n'est pas toujours de nature membraneuse. Par exemple, les espèces du genre Cortinarius présentent un voile partiel arachnéen, dont les vestiges forment autour du pied un anneau fibreux plus ou moins développé.
En outre, le pied lui-même recèle souvent, à la base, une gaine en forme de calice, plus ou moins évasée ou au contraire appliquée contre la tige, gaine qui porte le nom de volve; parfois, cependant, le pied ne présente à sa base qu'un simple renflement bulbeux, nettement individualisé ou progressif, quelquefois agrémenté d'une ceinture de verrues qui correspond aux vestiges du voile général. L'examen attentif de tels détails de structure permet, par exemple, d'éviter les empoisonnements mortels avec certains champignons à volve. Seul l'examen systématique de tous ces caractères peut garantir une détermination exempte d'erreurs.
Dans tout un groupe de champignons, l'intégralité des organes fructifères se trouve dissimulée sous forme de masse compacte à l'intérieur d'une enveloppe entièrement fermée. Quand l'enveloppe éclate, le champignon « s'épanouit » en quelques heures, sans véritablement présenter une authentique croissance. Il s'agit là bien davantage d'un simple déploiement des organes antérieurement comprimés. Le phalle impudique en est un bon exemple. Si l'on entaille l'oeuf dans le sens de la longueur, on reconnaît à l'intérieur les organes fructifères déjà formés.

Les biotopes des champignons

Les mycorhizes vivent en symbiose avec certaines plantes. et de préférence avec les végétaux ligneux. Dans une symbiose, les deux partenaires tirent profit de la vie en communauté ; souvent même, les partenaires d'une symbiose ne peuvent subsister l'un sans l'autre (symbiose obligatoire). A l'opposé de ce phénomène se situe le parasitisme, dans lequel l'hôte subit une exploitation plus ou moins importante de la part du parasite ; dans certains cas celle-ci peut provoquer la mort de l'organisme parasité. Du fait que les champignons n'ont nullement besoin de lumière pour se développer — contrairement aux plantes vertes, chez lesquelles elle est absolument indispensable à l'assimilation de la chlorophylle —, le sol des sous-bois constitue un biotope de choix pour la plupart des champignons comestibles. Tous les types de milieux forestiers, y compris les bois de résineux pauvres en lumière et installés sur sol acide, s'ils présentent un recouvrement herbacé faible ou nul, sont favorables à la croissance des champignons. Sapinières, pessières, pineraies, mélézins, bétulaies, hêtraies, chênaies et peupleraies, de même que les forêts d'essences feuillues mélangées et les bois mixtes, sont autant de biotopes hébergeant une flore mycologique particulière. Les essences et les milieux cités ci-dessus ne constituent naturellement que quelques exemples parmi tant d'autres. D'autres types de biotopes hébergent des champignons, notamment les clairières, les coupes et les lisières forestières, les lieux complantés d'arbrisseaux rampants, le pied des haies, les endroits broussailleux, les prairies, les saulaies, les berges des cours et des plans d'eau, les carrières, les décharges d'ordures, les stations humides ou abritant des mousses, les tourbières marécageuses, mais aussi les pelouses sèches et les landes. Même sur les dunes et dans les sables salés des biotopes littoraux, il est possible de trouver des champignons. En règle générale, ces biotopes hébergent des associations d'espèces épigées et hypogées, des mycorhizes, des espèces saprophytes et parasites.

Ronds de sorcières

Il n'est pas rare de rencontrer dans les bois ou dans les prés des rassemblements de carpophores disposés en cercle. L'explication en est simple. Le mycélium progresse en règle générale de manière identique dans toutes les directions. Au centre de la surface occupée par le mycélium, le substratum est épuisé : le mycélium n'y trouve plus aucune substance nutritive et dépérit. Sur la périphérie, en revanche, les conditions écologiques sont réunies pour permettre au mycélium de prospérer et d'émettre des carpophores. C'est ainsi que se forme souvent un anneau de forme régulière, que l'imagination populaire attribue au pouvoir des sorcières.

❖ Bibliographie

bdp
21-Avr-2024
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