Comédie en cinq actes d'Alexandre Dumas fils (1824-1895), représentée le 20 mars 1855.
Suzanne, femme jeune et belle qui se fait appeler la baronne d'Ange et qui doit à la protection d'un grand seigneur authentique, le marquis de Tonnerons, son élévation d'un passé peu glorieux jusqu'à une honnête position sociale, s'est mis en tête de consolider définitivement sa situation par un mariage. Et comme son amant, Olivier de Jalin, refuse de l'épouser, elle encourage la Passion d'un jeune homme d'excellente famille, Raymond de Nanjac il a vécu dix ans en Afrique et ignore son passé. Olivier, devenu l'ami de Raymond, se sent obligé moralement à le mettre en garde : mais Raymond est épris, et un voile de malentendus sépare les deux amis. S'étant rencontrés chez Suzanne par suite d'une intrigue qu'elle a ourdie contre Olivier dont elle a compris les intentions, ils se provoquent en duel. Olivier, revenu de cette rencontre, fait croire à Suzanne qu'il a tué Raymond, lui révèle qu'il l'aime, qu'il l'a toujours follement aimée en secret, et la persuade de partir avec lui. Raymond, qui a écouté la conversation, apparaît alors : Suzanne est vaincue.
L'action se passe dans une société qui est au-dessus de la galanterie et au-dessous du grand monde véritable et les personnages secondaires de la comédie sont ou des aristocrates déchues, comme la vicomtesse de Verniéres, ou des filles honnêtes mais déclassées comme Marcelle de Saucenaux, nièce de la vicomtesse, ou encore des aventurières intrigantes et sans scrupules, comme Valentine de Santis. Au milieu de cette société de fausses veuves et de femmes divorcées, Olivier de Jalin exerce la critique de l'homme intègre, sans toutefois abdiquer le charme de l'homme du monde. C'est le plus élégant raisonneur du théâtre de Dumas ; qu'il suffise de rappeler la fameuse comparaison des pêches (un panier où les fruits semblent très beaux, mais ont tous, à les bien regarder, une petite marque de ver) par laquelle il dévoile à Raymond les tares de ce « demi-monde Magnifique essai de comédie de mœurs, c'est l'œuvre la plus significative et la plus robuste de l'auteur, même si l'émotion et la pitié romantiques donnent une séduction plus vive à la Dame aux Camélias.
