Sarn

Sarn [Precious Bane] est un roman de l'écrivaine anglaise Mary Webb (1881-1927), publié en 1924.

C'est l'histoire d'une famille anglaise, la famille Sarn, de Gédéon, le fils, dit Sam tout court, et de sa sœur Prue, la narratrice, affligée d'un bec-de-lièvre. Le père est mort d'une attaque en administrant une correction à Sarn : celui-ci, dont l'ambition grandit avec l'âge, jure d'être riche un jour et de devenir le maître du pays. Impitoyable, il fait trimer sa sœur et, estimant que les soins et la nourriture qu'on donne à sa mère lui coûtent trop cher. Il n'hésite pas à la faire mourir avec une tisane empoisonnée. Beau, entreprenant, Sarn a de nombreuses aventures villageoises : il séduit d'abord Jancis Beguildy, fille d'une sorte de sorcier local - car le village est habité par des tisserands superstitieux à l'extrême. Il aime passionnément la jeune fille et souhaite de pouvoir l'épouser quand il sera devenu riche, mais le sorcier surprend les amants dans son propre lit. De fureur, car il voulait vendre sa fille au châtelain, il met le feu à une grange de la ferme de Sarn, dont toute la récolte est perdue.

Malgré son amour, trop ulcéré par l'attentat du sorcier, Sam chasse la jeune fille qui revient quelques mois plus tard, après la naissance du fils qu'elle a eu de lui. Mais le sentiment que Sarn avait pour Jancis est maintenant éteint et quelques heures après on tirera de l'étang les corps de Jancis et de son enfant. Sarn est bientôt poursuivi par des apparitions de sa mère et de son ancienne fiancée. A demi-fou, il ira, lui aussi, se jeter dans l'étang, victime d'une malédiction que lui avait jetée le sorcier. Quant à Prue Sarn qui, en raison de sa disgrâce physique, semble victime d'un châtiment divin, la population du village la prend pour une sorcière et lui attribue le mauvais œil. Son caractère est pourtant tout à l'opposé de celui de son frère : bonne, elle souffre profondément à la pensée qu'elle ne pourra jamais être aimée et avoir un mari. Le hasard veut pourtant qu'un jeune tisserand très sérieux, Kester, le garçon le plus séduisant du pays, l'aperçoive un jour toute nue. Il s'éprend d'elle. Prue lui sauve la vie, en tuant un chien qui l'attaquait à la gorge, et plus tard Kester lui rendra la pareille en la protégeant de la fureur des villageois qui la rendaient à tort responsable de tous les malheurs du pays et voulaient la jeter dans l'étang. A la fin du livre, malgré la résistance timide de Prue qui ne peut croire qu'on puisse la désirer, Kester réussira à obtenir la main de la jeune fille.

Cette évocation dramatique de la campagne anglaise, où le monde mystérieux se mêle étroitement et tragiquement à la vie réelle, est animée d'un bout à l'autre par une profonde poésie de la nature. Sans jamais montrer le moindre cynisme, Mary Webb a pourtant le courage d'ouvrir franchement les yeux sur les bas-fonds de la passion humaine. Sans doute, ne possède-t-elle point le talent d'évocation d'une Emily Brontë : ses personnages sont parfois conventionnels mais, de chaque page, s'élève une impression magique de merveilleux et un hymne à la vie plus fort que les tragédies qui ont empoisonné le foyer des Sarn.

bdp
16-Sep-2024
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