GATSBY LE MAGNIFIQUE.
Roman de l'écrivain américain Francis Scott Fitzgerald (1896-1940), paru en 1925. Ce sont, avec des réminiscences personnelles, contées dans une prose nerveuse, les aventures, aujourd'hui classiques aux États-Unis, de Jay Gatsby — en réalité James Getz. —jeune ambitieux sans culture et romantique, issu d'une famille pauvre du Middle West. Or Gatsby,« confident des garçons déréglés et inconnus », est un aventurier sympathique et, tout en jugeant ses actes méprisables, le narrateur — un certain Carraway — fait cet aveu : « Il y avait en cet homme quelque chose de magnifique, je ne sais quelle sensibilité exacerbée aux promesses de la vie, comme s'il s'apparentait à une de ces machines compliquées qui enregistrent les tremblements de terre à dix milles de distance. » Sorti major de la guerre de 1917-18, Gatsby devient un super-bootlegger à la personnalité mystérieuse (« Je crois, murmure une jeune fille, qu'il a tué un homme
») et l'éclat de sa réussite n'aura d'égale que la soudaineté de sa chute. Dans sa luxueuse propriété de Long-Island, Gatsby reçoit toute la haute société de New York pour qui rien ne compte que le dollar. Fitzgerald décrit les fêtes éblouissantes que donne l'aventurier romanesque à ses hôtes, dont plus d'un sont « incurablement malhonnêtes ». Au zénith de son destin, Gatsby, cependant, demeure un garçon secrètement triste et pathétique. Sa fortune aura la durée du passage d’une étoile filante, il mourra assassiné par Tom Buchanan, un arrogant milliardaire dont il courtisait la femme, Daisy, et ne sera pleuré par personne.
Gatsby le Magnifique est la satire mordante de l'égoïsme d’une certaine société américaine fondée exclusivement sur l'argent, où les riches « laissent aux autres le soin de balayer ». On y reconnaît l'amertume de Fitzgerald qui avait essuyé leur mépris et fut, après la première guerre mondiale, le porte-parole de la «génération perdue », celle des « roaring twenties », les rugissantes années 20 et baptisées par lui l'âge du jazz. Les gens qui sont nés riches appartiennent à une autre espèce biologique : telle est la moralité de ce roman d'un écrivain typiquement américain par son outrance et sa liberté d'esprit. Ses propres déboires, du reste, prédisposaient Fitzgerald à conter les aventures du Trimalcion (Personnage du Satiricon) d'outre-Atlantique. Aventurier, bohème et passant pour un raté, l'écrivain avait connu, tant à l'université et dans l'armée que comme chômeur ou familier de Hollywood, les hauts et les bas d'une destinée hors du commun.
