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ROBIN DES BOIS

* C'est le personnage le plus célèbre des ballades populaires anglaises, un bandit qui vivait dans la forêt, et dont les aventures et l'exceptionnelle adresse au tir à l'arc ont traversé les siècles. Jusqu'au début du XIVe siècle, il existait de nombreuses ballades sur Robin Hood, mais elles ont été perdues. La tradition du XVe siècle présente Robin Hood comme un valeureux bandit, généreux et loyal, plein de dévotion pour la Vierge, mais intraitable à l'égard des évêques hypocrites et des cruels shérifs. Dans certaines versions plus tardives, sa bravoure lui attire les faveurs du roi ; mais il abandonne rapidement la cour, ne pouvant résister au désir de retrouver la forêt. La tradition populaire de la fin du XVIe et du siècle suivant, tout en gardant quelques-uns des traits principaux, insiste sur une aventure particulière : Robin Hood rencontre un boucher (parfois c'est un potier, ou un villageois, ou encore un mercier), le provoque, est battu par lui, et l'enrôle dans sa bande. L'amour et la connaissance de la forêt, le désir du braconnage (les vieilles lois normandes prévoyaient la bastonnade et même la mort pour ceux qui osaient chasser le cerf en bande) sont, dans les récits de cette époque, complètement oubliés. Le nom de Robin Hood n'évoque plus que d'étonnantes aventures dans lesquelles la chasse joue un rôle infime. Pour obéir au goût du temps, Robin Hood prit des lettres de noblesse en devenant comte de Huntingdon, et devint le contemporain de Richard Cœur de Lion (1157-1199). Qu'il ait réellement existé, rien n'est moins certain. Walter Scott donna, dans Ivanhoé), une nouvelle version de la légende.

* Sous le titre de Robin Hood et Guy de Guisborn [Robin Hood and Guy of Guisborne], nous est parvenue une vieille ballade anglaise, dont on ne connaît ni l'auteur, ni la date de composition, et qui fut incluse dans les Reliques de l'ancienne poésie anglaise que Percy (1729-1811) publia en 1765. C’est la plus célèbre des nombreuses œuvres dédiées à Robin Hood. Robin Hood et Little John, se trouvant ensemble dans une forêt, aperçoivent un homme sous un arbre Little John décide de lui demander son nom. Robin Hood s'offense des paroles de Little John et le menace de lui rompre les os ; Little John prend alors le chemin de Burnesdale. Il est arrêté par les hommes du shérif et ligoté. Pendant ce temps. Robin Hood a demandé à l'homme de la forêt qui il était ; celui-ci a répondu : « Je suis Guy de Guisborn et j'ai juré de faire prisonnier un certain Robin Hood » ; « Je suis Robin Hood » répond le bandit. Et tous deux luttent jusqu'à ce que Robin Hood ait tué Guy et lui ait tranché la tête. Il se revêt alors de la dépouille de Guy et sonne du cor ; le shérif croit que Guy de Guisborn s'est assuré de la personne de Robin Hood il va à sa rencontre et tous deux s'en reviennent au village. Continuant à se méprendre sur l'identité de Robin Hood, le shérif consent à libérer Little John auquel il donne l'arc de Guy. Ayant tout à coup compris son erreur, le shérif s'enfuit, mais il est tué par une flèche de Little John. La véhémence et la simplicité avec laquelle le récit est mené se retrouvent dans nombre de ballades anglaises toutes imprégnées d'une même poésie populaire.

* Enfin au XIXe siècle, lorsque les poètes et les romanciers anglais s'intéressèrent aux antiques légendes de leur pays, celle de Robin des Bois connut un regain de succès. A côté d'Ivanhoé de Walter Scott (1771-1832), l'œuvre la plus célèbre sur ce thème est le roman Maid Marian de Thomas-Love Peacock (1785-1866), l'œuvre la plus populaire de cet auteur, publiée en avril 1822, mais écrite dès l'automne 1818. Peacock a plusieurs fois tenu à préciser la date de la composition de l'ouvrage, car il fut accusé d'avoir plagié Ivanhoé, paru après 1818. C'est un roman légendaire plus qu'historique. Peacock ne s'est guère soucié d'approfondir ses sources historiques et il prend de grandes libertés avec les faits. L'action est censée se dérouler au XIIe siècle, mais l'auteur ne se donne pas la peine de reconstituer les scènes médiévales : l'œuvre contient d'innombrables anachronismes, et certains paraissent même avoir été voulus par le romancier. L'intrigue de Peacock suit d'assez près la légende : Robert Fitz-Ooth, duc de Loksley et de Huntingdon, va se marier avec la belle Matilda Fitzwater, fille du baron de Arlingford, à l'abbaye de Rubygill. Mais la cérémonie n'est pas achevée qu'une troupe nombreuse de soldats du prince Jean envahit la chapelle : le chef des soldats déclare hors-la-loi Robert Fitz-Ooth. Celui-ci parvient à s'échapper avec ses fidèles, gagne la forêt de Sherwood et devient Robin Hood. Matilda, rentrée à son château, est enfermée par son père, mais elle s'évade et rejoint son fiancé dont elle va partager désormais la vie aventureuse. Avec elle, les hors-la-loi reçoivent aussi leur plus étrange recrue, et certainement le personnage le mieux caractérisé du livre : le confesseur de Matilda, frère Michel, qui prendra aussitôt le nom de Frère Tuck, comme sa pénitente prend celui de Maid Marian. Entre temps, le prince Jean, tombé amoureux de Matilda, mais plusieurs fois éconduit par elle, s'en va assiéger le château de son père. Le prince est défait, mais le château brûle et le vieux baron rejoint sa fille, son futur gendre et les hors-la-loi. Après plus d'une aventure dans la forêt, Robin Hood et ses amis rencontrent un étrange chevalier. Celui-ci se découvre : c'est le roi Richard qui revient de Terre Sainte. Il rend aux hors-la-loi leurs titres et leurs domaines et Robin peut enfin épouser Maid Marian. Le récit s'achève : Peacock nous assure qu'après la mort de Richard, Robin et sa femme sont retournés dans la forêt de Sherwood et qu'ils y ont vécu longtemps, très longtemps ensemble… Maid Marian présente un mélange de romantisme et de comique burlesque, de farce, qui rappelle parfois Rabelais. Ce dernier élément est surtout apporté par Frère Tuck, digne compagnon littéraire de frère Jean des Entommeures, — dont Peacock s'est à coup sûr Inspiré. Renouvelant la vieille légende de Robin des Bois, l'auteur essaie de donner une satire de son propre temps, critiquant les classes supérieures et même le gouvernement. L'ouvrage de Peacock, maintenant popularisé par toutes les adaptations enfantines et les films qu'on en a tirés, ne connut pas le succès immédiat celui-ci ne vint que lorsque J.-R. Planché, huit mois après la publication, eût tiré de Maid Marian une version dramatique avec musique.


bdp
16-Sep-2024
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