Dommage qu'elle soit une putain

Dommage qu'elle soit une putain ['Ts pity she's a Whore] est une tragédie anglaise en cinq actes, en vers et en prose, de John Ford (1586-1639), écrite entre 1625 et 1628 et publiée en 1633.

Elle traite de l'amour incestueux de Giovanni, étudiant frais émoulu de l'université de Bologne, pour sa sœur Annabelle, qui, enceinte, décide de se marier avec un de ses nombreux soupirants. Elle choisit Soranzo, lequel s'aperçoit bien vite qu'Annabelle le trompe. Il voudrait connaître à tout prix le nom de son amant, et menace de la tuer, si elle ne le lui révèle. Annabelle pourtant ne trahit pas son terrible secret. Un des valets de Soranzo, un certain Vasquès, homme méchant et sans scrupules, conseille à son maitre de simuler le pardon : pendant ce temps, il essaiera de savoir qui est l'amant d'Annabelle. Le secret est enfin dévoilé ; c'est Giovanni, son frère !

Les deux hommes songent à une vengeance ; Soranzo donne une grande fête ou sont invites le père d'Annabelle et de Giovanni, les personnalités les plus illustres de la ville et Giovanni en personne. Ce dernier a été alerté, mais décide d'accepter quand même l'invitation. Avant le début de la fête, il a une dernière conversation avec sa sœur adorée : pour la soustraire à la colère et à la vengeance de Soranzo, il la tue de sa propre main. Puis il entre au salon où se déroule la fête et avoue cyniquement, à haute voix, ce qu'il vient de faire. Soranzo se jette sur lui les deux hommes se battent, Giovanni tue son rival. Mais l'infâme Vasques venge, à son tour, son maitre en tuant Giovanni.

Cette tragédie est considérée comme le chef-d’œuvre de Ford. Elle met en lumière le conflit des passions que le poète peint tout d'abord dans leur triomphe incontrôlé et farouche, puis dans leur forme plus raffinée, et enfin dans leur exaspération dernière, au sein du climat complexe de la Renaissance. Les valeurs morales s'effacent devant l'affirmation désespérée des éléments tragiques, maniés avec un réel sens du drame. Il était logique que Ford jouît, au cours de la deuxième partie du XIXe siècle, d'une grande faveur de la part des Parnassiens et des Symbolistes.
Rappelons que Maeterlinck reprit, sous une forme moderne, cette tragédie avec le titre d'Annabelle.

bdp
16-Sep-2024
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