Yvain ou le chevalier au lion.

Roman en vers de Chrétien de Troyes (mort en 1195), composé vers 1170.
Yvain, chevalier de la cour du roi Arthur, s'en va en direction de la forêt de Brocéliande, pour se porter au secours d'un compagnon désarmé et jeté à terre par un chevalier mystérieux et le venger. Il y découvre une fontaine, abritée par un pin et entourée d'un perron d'émeraude. Il prend de l'eau dans une tasse d'or, suspendue aux branches du pin, et la répand sur le perron. Aussitôt s'élève une formidable tempête. C'est alors qu'Yvain est attaqué par le mystérieux chevalier l'ayant vaincu et blessé à mort, il le poursuit jusque dans son château, où il est pourtant fait prisonnier et où il courrait un grave danger sans l'assistance de la jeune Lunete, confidente de la châtelaine, qui lui fait don de l'anneau qui rend invisible. Avec cet anneau il voit, sans être vu d'elle, la belle veuve de sa victime, s'en éprend et réussit à l'épouser. Quelque temps après, s'étant décidé à reprendre sa vie d'aventures et de tournois, Yvain revient parmi ses compagnons, ayant oublié que le délai qui lui a été accordé par sa femme est écoulé ; celle-ci lui fait dire de ne plus jamais revenir et de lui rendre son anneau. Fou de douleur, il va d'aventure en aventure, suivi par un lion auquel il a sauvé la vie, jusqu'à ce qu'il obtienne, grâce à ses exploits extraordinaires, de la femme aimée le pardon désiré.

Chrétien de Troyes s'est servi, dans ce roman, d'éléments celtiques où prédominent le fantastique et le merveilleux, mais il les a traités avec un esprit nouveau : tout comme dans Érec et Énide, l'auteur s'est attaché à nous présenter une crise de l'amour conjugal, et Yvain est le modèle du mari-amant parfait. Aucun autre héros de Chrétien de Troyes n'incarne mieux qu'Yvain la vertu anoblissante de l'amour : c'est là un des thèmes dominants de toute la poésie courtoise. Yvain est le premier type accompli du « chevalier errant », défenseur du droit, réparateur des injustices, libérateur des oppressés. Dans un récit gallois du début du XIIIe siècle : Owein (voir Mabinogion), se trouve la même histoire racontée de manière identique.

En Allemagne, Hartmann von Aue (mort vers 1220) imita Chrétien de Troyes dans son poème intitulé Iwein. Bien qu'il suive, dans ses grandes lignes, le texte français, Iwein est un des poèmes les plus parfaits du Moyen Age allemand. Il ne s'agit pas d'une simple traduction, mais d'une interprétation, approfondissant souvent ou bien changeant les mobiles psychologiques, et « revivant » en quelque sorte le texte en le transposant dans une nouvelle langue. Le ton facilement sentencieux et moralisant de Hartmann von Aue s'élève ici sans effort à la poésie.

bdp
21-Avr-2024
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