Roman de l'écrivain nord-américain Erskine Caldwell (1903-1987), publié en 1933. Lors de sa publication, l'ouvrage fut poursuivi pour obscénité. Il fallut la protestation de nombreux écrivains américains, dont les plus grands, pour que les poursuites soient abandonnées.
Le roman se situe dans l'État de Georgie, pays natal de l'auteur. Un vieux fermier, Ty Ty Walden, est persuadé que sa terre recèle une mine d'or. Depuis quinze ans, il néglige donc ses cultures pour creuser, avec l'aide de ses fils, Buck et Shaw, d'énormes trous autour de sa maison. A mesure, il recule le petit arpent du Bon Dieu carré de terre dont il a consacré le produit au Seigneur (« j'aimerais pas qu'on trouve le filon sur le petit arpent du Bon Dieu et que je sois obligé de tout donner à l'Église. Notre pasteur en reçoit bien assez comme ça. Sûr que j'aimerais pas lui donner tout mon or. Non, j'supporterais pas ça. ») A la ferme vivent aussi Darling Jill, l'une des filles de Ty Ty, et Griselda, la jeune femme de Buck.
Darling Jill ne cherche pas à résister à la violence de ses appétits sensuels et a de nombreuses aventures amoureuses et Griselda, qui a un corps splendide, fait tourner la tête de tous les hommes. L'une et l'autre font vivre les Walden mâles dans un climat d'érotisme exacerbé : Ty Ty se contente de surprendre sa bru lorsqu'elle se déshabille et la fait rougir et pleurer par la verdeur de ses compliments, Buck est follement jaloux et Shaw ne songe qu'à aller rejoindre les filles de la ville voisine. Au début du roman, Pluto Swint, gros homme naïf dont les deux grandes ambitions sont d'être élu shérif et d'obtenir la main de Darling Jill, convainc Ty Ty que les hommes albinos possèdent le pouvoir de détecter les mines d'or et que l'un de ces êtres étranges vit dans la région. Aussitôt, le vieux fermier décide d'aller capturer l'albinos avec ses fils. Ayant besoin de tous les siens en cette circonstance mémorable, il confie à Pluto et à Darling Jill la mission d'aller chercher à Scottsville sa fille Rosamond et son mari, l'ouvrier tisserand Will Thompson. Ayant découvert Dave, l'albinos, Ty Ty le fait attacher et l'emmène triomphalement chez lui. Durant ce temps, à Scottsville, Darling Jill s'est donnée à son beau-frère, comme, quelques heures plus tard, elle se donnera à Dave. Elle est surprise par sa sœur, mais, après que la colère de Rosamond ait donné lieu à quelques scènes hautes en couleur, c'est en excellents termes que le trio rejoint la ferme paternelle. Là un violent antagonisme oppose bientôt Will à ses deux beaux-frères : c'est celui de la mentalité ouvrière et de la mentalité paysanne. La cour que Will fait ouvertement â Griselda envenime encore les choses en exaspérant la jalousie de Buck. Cependant, Ty Ty a tant négligé sa ferme qu'il se trouve sans le sou. Il décide alors d'aller trouver à Augusta son fils aîné, Jim Leslie, qui a réussi dans les affaires et ne veut plus entendre parler de sa famille. Accompagné de sa fille Darling Jill et de sa bru, le vieil homme réussit à pénétrer dans la demeure cossue de son fils et à tirer de celui-ci une somme d'argent. Mais Jim Leslie se prend d'une soudaine et brutale passion pour Griselda, qui ne lui échappe qu'à grand-peine. Peu après, Pluto, Darling Jill et Griselda raccompagnent les Thompson à Scottsville. C'est là qu'au cours d'une scène orgiaque, Will, sous les yeux de ses compagnons, arrache et lacère les vêtements de Griselda avant d'entraîner la jeune femme dans sa chambre. Le lendemain matin, Thompson prend la tête des grévistes qui ont pénétré dans l'usine de tissage et il est tué d'un coup de feu. Quelques jours plus tard, Jim Leslie se rend à la ferme pour enlever Griselda, mais il est abattu par Buck sur «l'arpent du Bon Dieu ». Désespéré par la violence qui s'est déchaînée sur sa terre, Ty Ty conclut : « Dieu nous a mis dans le corps d'animaux et Il prétend que nous agissions comme des hommes. C'est pour cela que ça ne va pas. S'Il nous avait faits comme nous sommes, et ne nous avait pas appelés des hommes, le plus bête d'entre nous saurait comment vivre
Dieu a fait les jolies filles et Il a fait les hommes. Il n'en fallait pas plus. Quand on se met à prendre une femme ou un homme pour soi tout seul, on est sûr de n'avoir plus que des ennuis jusqu'à la fin de ses jours.»
Toute la première partie du roman, rapide, cocasse, compte parmi les pages les plus savoureuses de l'auteur. La seconde est malheureusement alourdie par l'expression maladroite et bavarde d'une idéologie dionysiaque assez sommaire.
