L'auberge rouge

Nouvelle d'Honoré de BALZAC publiée en 1831.

A la fin d'un déjeuner, dans la haute société parisienne le banquier Hermann, un Allemand, raconte l'étrange et dramatique aventure qui lui fut rapportée, de longues années auparavant, lors de son emprisonnement à Andernach, au moment des guerres napoléoniennes, lorsqu'il avait été arrêté comme franc-tireur par les Français. Deux jeunes chirurgiens militaires, Prosper Magnan et un de ses amis, passent la nuit dans une auberge d'Andernach. Ils partagent leur repas et l'unique chambre libre avec un industriel qui a fui son usine détruite. Celui-ci, dans les vapeurs du vin, confie aux jeunes gens avoir cent mille francs en or et des diamants dans sa valise.

Tous trois se couchent, mais Prosper Magnan ne peut trouver le sommeil, obsédé par l'idée de l'avantage que donnerait un crime facile, destiné certainement à rester secret et impuni. Après une terrible lutte intérieure, sa conscience se réveille, et le jeune homme qui déjà s'était levé dans l'obscurité, revient à son lit, sur lequel il tombe dans un profond sommeil. Le matin, il est réveillé par de nombreuses personnes entrées dans la pièce, et voit avec horreur le corps de l'industriel affreusement mutilé, les couvertures et jusqu'à ses mains souillées de sang ; sur le lit, il aperçoit l'instrument chirurgical avec lequel il avait médité d'accomplir l'assassinat. Devant le conseil de guerre, Prosper, bouleversé, affirme avoir pensé au crime, mais soutient son innocence et l'incapacité pour son ami de commettre un pareil acte. Trop de preuves sont pourtant contre lui, et il sera fusillé, même après avoir affirmé, une fois encore, la vérité dans la confession faite à un occasionnel compagnon de cellule.

L'histoire d'Hermann arrive à ce point, lorsque l'un des convives, Frédéric Taillefer, qui durant le récit avait donné des signes évidente d'agitation, est soudain frappé d'un grand malaise qui le conduira vite au tombeau. Taillefer (le propre ami de Prosper Magnan, qui devait sa fortune au crime pour lequel son compagnon fut fusillé) a été touché par la justice divine.

Dans cet écrit de jeunesse, Balzac réalise, d'une main déjà sûre, ce goût des intrigues tragiques et compliquées et révèle un sens très sûr du drame tel qu'il se cache sous les apparences de la vie sociale : autant de thèmes que l'on retrouvera dans toute son œuvre.

bdp
10-Sep-2024
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