MILTON
John MILTON, poète anglais, né et mort à Londres (1608-1674). Il fut un des plus brillants élèves du collège du Christ, à Cambridge (1625-1632), y composa de nombreuses poésies, en latin et en anglais, notamment l'Ode à la Nativité. Ayant refusé d'entrer dans les ordres, malgré le désir de son père, il continua auprès de celui-ci sa vie d'études. De cette époque datent les beaux poèmes philosophiques : l'Allegro et il Penseroso ; les masques, ou comédies féeriques : Arcades et Comus (1634), et la pastorale Lycidas (1637).
En 1638, il quitta l'Angleterre pour visiter l'Italie.
Les troubles politiques et religieux de son pays le rappelèrent (1639). D'une foi ardente, épris de justice et de liberté, Milton prit violemment parti contre la cour et les épiscopaliens.
Cependant, il avait épousé Mary Powell, jeune fille d'esprit simple, qui, au bout d'un mois, retourna dans sa famille. Le résultat de cette séparation fut un livre sur la Doctrine et la Discipline du divorce, qui souleva de violentes attaques, auxquelles Milton répondit dans son Areopagitica (1644), et dans deux autres écrits : Tetrachordon et Colasterion (1645). Le recueil de ses Poésies latines et anglaises, qui contient d'admirables sonnets, date de la même année. La réconciliation se fit cependant entre les deux époux. Milton ne joua aucun rôle dans la guerre civile qui aboutit à la décapitation de Charles 1er. Mais, sans approuver explicitement cet acte, il maintint dans Eikonoklastes (1649), réfutation de l'Eikôn Basilikè, attribué à Charles lui-même, le droit qu'ont les peuples de secouer le joug du tyran. L'année suivante, il répondait à la Defensio regis de Saumaise par sa Defensio pro populo anglicane, suivie de la Defensio secunda (1654) et de Pro se defensio contra Morum. Nommé secrétaire latin du conseil d'Etat sous le gouvernement de Cromwell, fonctions au cours desquelles il perdit la vue, Milton fut traité par la Restauration avec une douceur relative.
Veuf en 1652 avec trois filles, il s'était remarié, en 1654, avec Catherine Woodcock, qui mourut deux ans après. Il épousa en troisième lieu, Elisabeth Minshul (1663). Il consacra ses dernières années à l'achèvement de son grand poème, le Paradis perdu, dont il avait conçu l'idée depuis longtemps, peut-être en lisant la Semaine de Du Bartas, qui faisait les délices de son enfance, et l'Hymne des anges ou la Révolte des esprits célestes, d'Anne d'Urfé, mais surtout, dit-on, en voyant représenter sur un théâtre de marionnettes, à Rome, le Mystère de la désobéissance d'Adam et d'Eve. Milton lui donna une suite, le Paradis reconquis, en deux chants, qui ne mérite pas le discrédit où on le tient d'ordinaire et qui fut publié, en 1671, avec une tragédie biblique où le poète chante ses déceptions et ses douleurs, sous le symbole de Samson Agonistes.
