Nicolas MACHIAVEL ; (en italien Niccolo Machiavelli), homme d'Etat et écrivain italien, né et mort à Florence (1469-1527). De bonne heure i1 s'occupa des affaires publiques, et fut secrétaire du gouvernement florentin, qui le chargea de plusieurs légations en Italie et à l’étranger ; il acquit ainsi une profonde expérience de la politique. Cette expérience et son esprit observateur apparaissent dès ses premières œuvres : Images des choses d'Allemagne (1508) ; Images des choses de France (1510). Le retour des Médicis à Florence (1512) éloigna Machiavel des affaires publiques : suspect au nouveau gouvernement, il fut emprisonné et même torturé, puis condamné à vivre dans l'inaction, dans sa villa près de San Casciano.
Cette inaction, cruelle épreuve pour un homme comme Machiavel, permit à sa pensée de se concentrer : à cette époque se rapporte la composition de ses œuvres les plus célèbres :
le Prince , écrit en 1513, publié Machiavel en 1531 ;
les Discours sur la première Décade de Tite-Live, commencés vers 1513 (réflexions inspirées à Machiavel par la lecture de Tite-Live, sur les diverses formes de gouvernements, la fondation des Etats, les causes de leur ruine ; etc.) ;
l'Art de la guerre, commencé vers 1516, fini en 1520, où il expose des idées qui pendant toute sa vie lui ont tenu à cœur : sur le danger des mercenaires et la nécessité d'organiser des milices nationales.
Cependant, à partir de 1519, Machiavel se rapprochait peu à peu des Médicis, et sortait de son inaction ; en même temps qu'il recevait certains offices, il était chargé d'écrire l'histoire de Florence (1527) ; mais Machiavel, suspect au nouveau gouvernement républicain, était tenu à l'écart des affaires et mourait la même année.
Outre les œuvres déjà citées, Machiavel a laissé quelques œuvres purement littéraires comme les comédies : la Mandragore (1513), et la Clizia (1525), ; un Dialogue sur la langue (antérieur à 1516) ; l'Ane d'or, poème satirique (1517) ; Belphégor archidiable, nouvelle ; etc.
Machiavel est une des intelligences les plus vives et un des plus grands artistes de la Renaissance ; il emploie une prose d'une sobriété, d'une concision et d'une force remarquables. Son nom, d'après lequel on a formé machiavélisme et machiavélique, est souvent pris en mauvaise part : cela provient d'une interprétation injuste de sa pensée. Machiavel, esprit réaliste et ardent patriote, a écrit pour son temps, et a recherché les moyens propres à sauver son pays des dangers qui le menaçaient, il n'est pas juste de dire qu'il a érigé l'immoralité en règle de conduite. En outre, il ne faut pas oublier que Machiavel, arrivé pauvre aux affaires, les a quittées pauvre.
