José-Maria De HEREDIA, poète français, né à La Fortuna, près de Santiago-de-Cuba en 1842, mort au château de Bourdonné, près de Houdan (Seine-et-Oise), en 1905.
Venu en France de bonne heure, il y fit ses études, puis se consacra tout entier à la poésie. Ses poèmes, des sonnets, publiés à de rares intervalles dans les revues, ne furent réunis qu'en 1893, sous le titre de : les Trophées (1893). En dehors de 44 ces poèmes, il n'a écrit que deux traductions de l'espagnol, celle d'une nouvelle : la Nonne Alferez (1894), et celle de la Véridique histoire de la conquête de la Nouvelle-Espagne (1877-1887), par Diaz del Castillo.
Les vers de Heredia sont la plus parfaite expression de la doctrine parnassienne. Son seul dessein est d'évoquer des visions d'art, de peindre, sculpter, ciseler de parfaites images de la beauté, empruntées d'ailleurs à tous les spectacles de la vie du passé et du présent : la Grèce, Rome et les Barbares, l'Orient, les conquérants espagnols, l'Italie de la Renaissance, la Bretagne d'aujourd'hui. Poésie un peu froide et d'une beauté trop précise, mais où il a donné les plus parfaits modèles de cet art qui tend à confondre la poésie et les arts plastiques.
Andromède au monstre
La Vierge Céphéenne, hélas ! encor vivante,
Liée, échevelée, au roc des noirs îlots,
Se lamente en tordant avec de vains sanglots
Sa chair royale où court un frisson d'épouvante.
L'Océan monstrueux que la tempête évente
Crache à ses pieds glacés l'âcre bave des flots,
Et partout elle voit, à travers ses cils clos,
Bâiller la gueule glauque, innombrable et mouvante.
Tel qu'un éclat de foudre en un ciel sans éclair,
Tout à coup, retentit un hennissement clair.
Ses yeux s'ouvrent. L'horreur les emplit, et l'extase ;
Car elle a vu, d'un vol vertigineux et sûr,
Se cabrant sous le poids du fils de Zeus, Pégase
Allonger sur la mer sa grande ombre d'azur.
