Belleau

Rémy BELLEAU né à Nogent-le-Rotrou en 1528 et mort à Paris en 1577. Tout jeune encore, il est accueilli par Ronsard et participe au groupe de la Pléiade. Sa traduction du poète grec Anacréon, puis ses commentaires sur les Amours de Ronsard provoquent l'admiration du public lettré, tout comme son recueil champêtre, la Bergerie(1565-1572), où Belleau mêle harmonieusement la prose et les vers. Sa manière délicate et gracieuse de chanter la nature et les charmes de l'amour lui a valu de ses contemporains le titre de «Nouvel Anacréon».

Embrasse-moi, mon coeur…

Embrasse-moi, mon coeur, baise-moi, je t'en prie,
Presse-moi, serre-moi ! À ce coup je me meurs !
Mais ne me laisse pas en ces douces chaleurs :
Car c'est à cette fois que je te perds, ma vie.

Mon ami, je me meurs et mon âme assouvie
D'amour, de passions, de plaisirs, de douceurs,
S'enfuit, se perd, s'écoule et va loger ailleurs,
Car ce baiser larron me l'a vraiment ravie.

Je pâme ! Mon ami ! mon ami, je suis morte !
Hé ! ne me baisez plus, au moins de cette sorte.
C'est ta bouche, mon coeur, qui m'avance la mort.

Ote-la donc, m'amour, ote-la, je me pâme !
Ote-la, mon ami, ote-la, ma chère âme,
Ou me laisse mourir en ce plaisant effort !

bdp
16-Sep-2024
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